Le rouge et le noir
Difficulté **
Profondeur **
Originalité **
Emotions **
Le choix des œuvres n’est pas le mien mais celui du public actuel et ce qui devait arriver arriva : voici un roman pour lequel je n’ai guère d’affection. En effet « le rouge et le noir » bénéficie d’une imposture étrange : ce n’est pas une histoire romantique, mais plutôt un « bel-ami » dépressif et pathétique. Le livre incarne dans l’inconscient collectif le premier récit moderne d’amour, alors que « madame Bovary » s’en approche nettement plus.
Le style de Stendhal a le mérite d’être facile d’accès, on est loin des grandes plumes du siècle. Les rumeurs de plagiat sur certaines pages contribuent de plus à une certaine défiance.
Le héros n’en est pas un : ambitieux, égoïste, profiteur, vaniteux, mou, complaisant, plaintif, on a plutôt affaire à un triste sire. De fait, ses relations amoureuses sont à la hauteur de ces piètres qualités : intéressées, ratées, incertaines, malheureuses…
Le parcours de Julien Sorel est cependant plutôt authentique par ailleurs, décrivant des mondes aujourd’hui disparus : le séminaire, l’armée, les châtelains, les salons…
Ce livre reste intéressant pour cela : il est bien plus proche des naturalistes que des romantiques, avec des traits balzaciens (pour la médiocrité du héros) et une approche à la Zola (pour la cohérence du milieu social).