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Bel ami

Difficulté ***

Profondeur ***

Originalité ***

Emotions ***

Maupassant fait partie de ces lectures scolaires, jugées avec condescendance, à l’instar des œuvres de London, Steinbeck, Voltaire ou Remarque. On le dit facile à lire : ses histoires sont passionnantes et rythmées, moins touffues que celles de ses prédécesseurs. Certains de ses contes fantastiques l’ont également classé dans les auteurs de genre, « Bel Ami » n’en fait pas partie.

Car  le style redoutable du disciple de Flaubert l’apparente aux plus grands et la dureté de ses personnages ne le destine guère aux enfants.​ Cette plume moins précise que celle de son maître, moins exhaustive que celle de Balzac, est plus enlevée que celle de Zola et plus ironique que celle d’Hugo. Elle permet de parcourir avec aisance une histoire violente : l’antiphrase du titre symbolise tout le vice d’un héros bouffi d’ambition et sans aucun scrupule. 

 

Dans la lignée de Flaubert, les personnages sont essentiellement négatifs, la perception égotique du héros leur laissant peu de place et peu de qualités. Les hommes sont affreux ou pathétiques, les femmes sont faciles et fragiles. Les filles sont finalement les moins corrompues, qu’elles soient de joie ou de ses maîtresses. Deux personnages féminins déparent dans cette vision simpliste. Mme de Marelle, bien que parfois bien immature, montre une Joie de vivre, une constance dans l’affection et une simplicité dans la décision qui l’honorent. Madeleine est d’une modernité étonnante : intellectuelle, indépendante, forte. Elle est plus dure qu’un homme, moins fidèle et condamnée à vivre cachée.

 

Bel Ami n’est pendant longtemps pas l’ambitieux ignoble que l’on découvrira. Il s’agit d’abord d’un jeune homme perdu, sans le sou et fasciné par la lumière. Avant la mort de son ami, ses conquêtes sont spontanées. Ensuite, il déclare son amour à  Madeleine qu’il vénère, avant de vivre sa froideur. Cette déception amère l’amène alors à exercer son pouvoir de séduction par pure vanité, tel un enfant vexé. Enfin, sa dernière proie, pur objet d’ambition, n’est pourtant pas consommée, comme si, son œuvre maligne terminée, il accédait à la maturité. On ne saura d’ailleurs jamais s’il fait le malheur ou non de sa jeune épouse. Bel Ami finit par séparer corps et statut, amante et épouse n’ayant pas les mêmes usages, pour conquérir le monde.

"Bel ami" définit l’ambition comme aucune autre œuvre, à une époque où la chute de l’aristocratie permet l’émergence d’individus rusés, charmants et égocentriques au sein d’une société médiocre et corrompue.Le roman réaliste de Maupassant lui permet de rivaliser avec les grands auteurs du siècle à une époque où ses nouvelles, plus originales, étaient moins admirées.

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