Médée
Un mythe pré moderne
Difficulté **
Profondeur **
Originalité **
Emotion **
La tragédie grecque, considérée comme la mère du théâtre, repose sur trois piliers : Sophocle, Euripide et Eschyle. Seul ce dernier n’est pas représenté dans la BE.
Une vingtaine de tragédies d’Euripide ont été retrouvées, écrites au cinquième siècle avant notre ère. Le poète fut largement critiqué de son vivant, notamment par Aristophane, car résolument moderne, introduisant des personnages de la plèbe et affirmant l’importance de la femme.
Pour autant le style de cette pièce, rythmé par les incantations de Médée à la Corinthie, est souvent ampoulé, englué dans des répétitions et des emphases. Certes la colère de Médée s’y prête, mais tous les personnages sont au diapason, figeant le ton dans une plainte permanente. Evidemment la courte durée de la pièce ne permet guère de variations, mais cette même durée interroge sur l’intérêt de l’histoire. Celle-ci ne comporte aucun rebondissement, se focalise entièrement sur Médée : Jason seul aura une deuxième scène à la fin de la pièce.
Aucun autre personnage n’est fouillé, alors que le talent d’Euripide réside dans les caractères. Ainsi les motivations de Jason sont floues, celles de Créon faibles, celles de sa fille inconnues. Seule Médée intéresse l’auteur, mais contrairement aux commentaires que j’ai lus, sa psyché est parfaitement linéaire, entièrement envahie par sa colère et sa jalousie. Son départ en char volant symbolise d’ailleurs ce caractère infantile de divinité grecque, qui étonne aujourd’hui dans la mythologie (les frasques de Zeus !). On reconnaîtra une femme forte et passionnée, mais surtout une empoisonneuse infanticide….
Toutes les pièces de la BE ont quelque chose de particulier, d’original, qui justifient leur présence, même « en attendant Godot » que je déteste personnellement.
« Médée » détonne malheureusement avec un sujet monolithique, une matière lapidaire et une héroïne mesquine.
