Antigone

Difficulté **

Profondeur ***

Originalité ***

Emotions ****

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Cette réécriture de l’œuvre de Sophocle est apparue nécessaire à son auteur dans le contexte de l’occupation, pour décrire les paradoxes de la situation. Indéniablement les réactions critiques des deux bords en 1944 lui donnèrent raison : apologie de la dictature dans le portrait adouci de Créon, appel à la résistance sans concession incarné par Antigone (les Allemands tentèrent d’ailleurs d’interdire la pièce). Cette reprise fidèle, mais plus courte, bénéficie d’un succès durable en dépit d’interprétations radicalement opposées lors de sa sortie. 

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Parmi les différences entre les deux oeuvres, Anouilh brise le quatrième mur, comme le faisait Sophocle avec le chœur, mais la prise à parti du public est plus radicale : révélation de l’avenir des personnages, mise en exergue de leurs corps … Le style familier nourrit de plus la modernité au détriment du caractère tragique. Ces deux éléments formels se conjuguent parfaitement et emmènent le spectateur dans cette histoire ancienne et tragique. 

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Créon et Antigone monopolisent cette version de la pièce dans un dialogue intime, ce qui permet des développements psychologiques plus poussés. La réflexion de Créon sur les contraintes du pouvoir fait sens et donne au personnage une couleur différente. 

A contrario le personnage d’Antigone atteint une complexité troublante. Quand Créon lui démontre l’absurdité de ses actes : la dépouille qu’elle souhaite inhumer au répil de sa vie n’est probablement pas celle de son frère, elle semble accepter la situation. Mais elle surréagit ensuite sur une discussion philosophique sur le bonheur et scelle son destin par pur orgueil intellectuel ! L’envie suicidaire qu’elle dégage est alors bien loin de ses qualités du début de la pièce : tendresse, générosité, bienveillance, sérénité. Ce paradoxe, que certains attachent automatiquement à la jeunesse et à ses passions, dérange et intrigue. 

Une pièce magnifique emplie de modernité et d'ambiguïté.