Enéide
Quintessence de la littérature latine
Difficulté ***
Profondeur **
Originalité **
Emotion **
L'oeuvre conjugue l'Iliade et l'Odyssée dans une double inversion temporelle (la bataille arrive après l'errance) et historique (les vaincus troyens deviennent les vainqueurs).
Le récit est renouvelé et plus ancré dans le réel avec la présence des familles (Anchise), des rencontres plus historiques (Didon) ou un caractère plus prudent chez le héros (prompt à la fuite). Les références restent nombreuses, on retrouve ainsi les Cyclopes, Charybde, les harpies, la descente aux enfers …, et cohérentes au vu des chronologies communes de "l'Odyssée" et de "L'énéide".
La répétition des expressions et des sujets, concernant les sacrifices ou les trophées, emmène la lecture dans une mélopée qui enveloppe l'histoire d'un manteau hypnotique. La référence à Homère est également stylistique dans une surabondance de personnages à épithètes et parentèles mythologiques.
L'omniprésence des dieux est peut-être plus perturbante encore que dans "l'Iliade" : ils interviennent régulièrement, sans vergogne et sans subtilité, et les personnages principaux les invoquent en permanence pour se les attacher. Mais cette connexion entre le réel et le divin est voulue par Virgile comme l'explication du destin exceptionnel de la Rome antique : les dieux ont décidé son empire sur le monde car née du sang divin des troyens.
L'oeuvre, voulue hommage, est difficile d'accès, mais les aspects historiques et culturels méritent de s'y atteler.



