La mort d'Ivan Illitch
Difficulté *
Profondeur ****
Originalité ***
Emotions ***
Cette oeuvre n’est pas la plus connue de Tolstoï mais fait partie des références majeures dans les milieux littéraires. Elle fait partie d’un triptyque de nouvelles sur la mort avec « trois morts » et « maître et serviteur ».
Son ton est plus désabusé et sombre que dans les œuvres classiques de l’écrivain : « Guerre et paix », « Anna Karénine ». Le style classique de Tolstoï s’en trouve dépouillé et se rapproche de Dostoïevsky ou Boulghakov. La plume est incisive et fournit quelques passages d’une ironie russe décapante, avant les affres de l’agonie d’Ilitch.
La justesse de l’auteur dans sa transcription du trépas repose sur deux éléments personnels : une hécatombe terrible de ses proches tout au long de sa vie et une introspection profonde de sa part sur l’existence et sa fin. Cette dernière le mena à arrêter l’écriture plusieurs années avant d’y revenir avec cette nouvelle. Ainsi aucun des aspects les plus choquants de la fin de vie ne nous sont épargnés : détails physiques, éloignement des proches, dédain du cercle social, angoisse viscérale…
Pour autant, Tolstoï n’éprouve pas de compassion marquée pour son personnage, qu’il juge d’une certaine façon responsable, intellectuellement et moralement, de l’inanité de son trépas. Ce recul cruel charge la fin du titre d’une introspection forte chez le lecteur.
Une œuvre accessible qui aborde sans détour la mort, mais surtout, à travers elle, la question du sens de la vie, faisant de son auteur le premier existentialiste.