Orgueil et préjugés

Difficulté ***

Profondeur **

Originalité ***

Emotions ***

​

Jane Austen est une légende de la littérature. Comme d’autres auteurs féminins de son époque, elle n’a pas vraiment connu la gloire de son vivant, mais fut ensuite immortalisée, notamment par Woolf, qui voit dans son œuvre le creuset de Proust et de James.

​

On peut être intimidé par la référence qu’est devenue « Orgueil et préjugés » et ses 20 millions d'exemplaires vendus.  J'ai craint personnellement un roman trop délicat ou empesé. Cet a priori est erroné, comme pour Wharton ou Woolf. Pas de faux semblant ici: l’histoire est belle, empreinte certes de romantisme, mais aussi drôle, acide, cohérente et réaliste.

 

La plume d’Austen sait rendre le style précieux et châtié de ses contemporains tout en restant directe dans ses analyses et descriptions. Elle donne ainsi une dynamique puissante à son histoire et nous emporte via une poignée d’évènements mondains à travers ce monde corseté que seule la littérature pouvait rendre touchant.

 

Le sujet central du roman, le mariage, était crucial pour une anglaise bien née et Jane Austen, qui finira vieille fille, le traite avec une transparence totale. Ses analyses sont donc directes et impitoyables, la description de la bêtise atteint par exemple un tranchant rare.

L’héroïne et narratrice décrit ainsi les faiblesses intellectuelles, voire morales, de son entourage, sans épargner personne, ni sa famille, ni les puissants. Mais, telle un double de sa créatrice, elle n’en tire ni fierté, ni ressentiment, et reste touchante.

​

Car « Orgueil et préjugés «, très agréable à lire et plein de suspense, transmet les émotions avec justesse. 

Une œuvre belle, subtile et sublime.