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Sur la route

Difficulté ***

Profondeur ***

Originalité ****

Emotions ***

Œuvre tutélaire du mouvement hippie, « Sur la route » raconte la liberté et la folie des êtres comme peu d’autres romans. Elle s’inscrit dans la tradition américaine de l’errance, celle des assassins dans « De sang froid » ou du narrateur dans « L’attrape-cœurs « . Ce récit de rébellion épargne la littérature et Céline, Shakespeare, Kafka, Hemingway et Proust sont évoqués tout au long du récit.

Le style de Kerouac est survolté et tire le lecteur sur un rythme échevelé, métaphore d’une route avalée et hypnotique. Le ressenti n’est pas neutre : on ressort de ce roman à la fois fatigué comme après des heures de conduite et dangereusement attiré par cette folle liberté de prendre la route.

L’Amérique visitée est intemporelle car elle invoque souvent les fantômes du passé : crise de 1929, conquête de l’Ouest, indiens, … Les villes : Frisco, Denver, New-York, Chicago, sont des personnages à part entière qui influent sur les événements et sur l’humeur du narrateur.

La campagne permet a contrario des haltes salutaires dans la vie débridée du héros, voire même des moments de stabilité avec travail et famille. 

Une dernière partie envoûtante dans la moiteur mexicaine emmène le roman dans une dimension poétique et euphorique qui tranche nettement avec des personnages souvent sauvages, absurdes, répétitifs et un peu pathétiques.


Le démon de la route est cependant plus fort et plus important que les séjours en tant que tels : Dean incarne cette rage, lui le conducteur fou et parfait à la fois, endurant, précis et passionné, amoureux destructeur des voitures comme des femmes, avaleur hypnotique de kilomètres. 

La folie qui traverse l’œuvre s’incarne aussi dans une dimension affective étrange entre des personnages qui partagent peu, sont souvent égoïstes, mais abandonnent tout pour retrouver leurs amis. Les femmes n’ont aucune place et les rares moments de tendresse finissent enfouis sous une misogynie crasse et sexuée. Le rapport à l’argent, méprisé par les personnages mais oppressant comme le stigmatise le détail quotidien des ressources disponibles, est un autre paradoxe du récit.  

C’est toute l'étrangeté de « Sur la route » : l’auteur montre tous les travers, les désagréments et l’absurdité de ces errances et parvient pourtant à susciter une envie ténébreuse de tout lâcher.


Une lecture intense et éprouvante.

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