Hamlet

Difficulté ***

Profondeur ****

Originalité ****

Emotions ****

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Parmi les quinze pièces de la BE, « Hamlet », écrite par le plus grand dramaturge de tous les temps, est probablement la plus connue. Il était difficile de choisir parmi "Roméo", "La tempête", "Othello" ou "Le Roi Lear", mais la ligne la plus connue de toute l’histoire de la littérature a été déterminante  : « to be or not to be, that is the question ».

Sans respect pour la règle des 3 unités, l’auteur bouleverse les codes et emmène loin ce drame universel (il a lieu au Danemark, mais s’inscrit dans l’histoire et la géographie européennes) qui rend à chaque personnage, garde, serviteur, prince ou épouse, son humanité et sa souffrance.

Le style shakespearien, un peu dépendant de la traduction, atteint dans « Hamlet » un paroxysme de radicalité : parfois alambiqué, souvent cru, il perturbe, choque et bouleverse. Sa modernité est fascinante malgré certaines tournures « théâtrales » : la vulgarité (les insultes pleuvent) se mêle aux grandes émotions et la violence des colères est très éloignée du théâtre traditionnel.

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Les personnages sont parfois devenus archétypaux, comme Claudius (le vil usurpateur vaguement coupable mais sans limite morale), Ophélie (la belle vierge fragile), Polonius (le traître misérable et flatteur), Laërte (la brute manipulée)… Hamlet, complexe, émotif, perturbé, est a contrario unique, à la fois antihéros (meurtrier, menteur, sombre) et inspirant, par son courage, sa fidélité, sa finesse. 

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Les thèmes classiques sont présents : pouvoir, amour, liberté, honneur, responsabilité,… mais la folie et la mort écrasent la pièce de toute leur puissance : cimetière, décès, poison, suicide, spectre et crânes se succèdent, tandis qu’Hamlet et Ophélie déploient leur déraison, feinte ou non, tout au long du drame. Même les personnages sensés semblent animés de résolutions macabres comme Claudius, Laërte ou Polonius, qui auront finalement raison d’eux.

Plusieurs autres pièces de la BE (« Dom Juan », « Les mains sales », « Oncle Vania ») développeront plus tard ces mêmes thèmes dans un cadre moins médiéval, mais tout aussi brutal. 

Ce chef d’œuvre incontestable fait le lien entre la tragédie grecque et le théâtre moderne dans un style organique toujours actuel.