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Les Buddenbrook

Difficulté ****

Profondeur **

Originalité **

Emotions ***

Thomas Mann n’est pas si célèbre en France, malgré 3 œuvres majeures : celle-ci, « Mort à Venise » et « La montagne magique ». Son naturalisme balzacien lui fait peut-être du tort : « Les Buddenbrook » est une œuvre longue, amère et très descriptive. Mais l’écrivain reçoit le Prix Nobel en 1929 essentiellement pour ce premier roman.


Les deux premiers tiers de l’histoire, ancrés dans une époque oubliée et une société grand bourgeoise traditionnelle et travailleuse, se lisent avec intérêt, ponctués par des événements classiques : décès, mariages, naissances, mais aussi divorces, procès, élections… Cette page d’histoire sociologique est décrite avec précision, talent et ironie. 

Les innombrables personnages sont croqués sous tous les angles et sans aucune pitié. La fragilité de cette riche famille est vite évidente au vu des faiblesses de caractère des uns et de la malchance des autres.


Sans élément de surprise et après 400 pages, il devient difficile de continuer à s’intéresser aux derniers déboires de la famille et notamment au personnage de Johann, condamné d’avance. 

Le morne désespoir de cette dernière partie est pesant et apporte peu de satisfaction, dans une fatalité prévisible et bavarde. Les morceaux de bravoure littéraires y sont pourtant nombreux : mort de Thomas, dernière improvisation de Johann, description de l’ensemble du corps professoral, …, mais aucun ressort émotionnel ne vient les soutenir.

La fin certaine respecte trop dans cette forme montone, pour un lecteur moderne, son sujet : le déclin.


On reconnaîtra cependant une maturité extraordinaire à l’auteur pour sa capacité à 25 ans à comprendre la vieillesse ou la mort avec une acuité rare, fondé sur la lecture de Shopenhauer, cité par Thomas (sans être nommé dans le roman). Cette philosophie sombre explique probablement le désespoir qui envahit le livre dans ses dernières parties. 


Une grande œuvre réservée aux naturalistes endurcis. 

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