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Andromaque

Difficulté **

Profondeur **

Originalité ***

Emotions **

Racine s’inspire ici d’autres œuvres plus anciennes,  toutes présentes au sein de la BE. "Andromaque" reprend ainsi une histoire décrite dans « l’Enéide », qui se définit comme la suite troyenne de « l’Iliade ». Alors que les traductions de celles-ci en limitent la poésie, les alexandrins de Racine livrent une élégance sublime et cadencent magnifiquement une pièce très rythmée. 


Il s’agit du premier grand succès de Racine. Mais sa renommée perdure à travers les siècles : "Andromaque" est encore aujourd’hui la pièce la plus jouée de son auteur et suscite des analyses et des critiques à toutes les époques.

 Car son auteur invente une forme théâtrale nouvelle : le drame qui diffère de la tragédie par les faiblesses morales de ses personnages et se permet aussi beaucoup de licences de forme, aujourd’hui invisibles mais controversées au XVIIe siècle.

Aussi les quatre personnages principaux, dont l’importance similaire avait rarement été tentée auparavant, ont été disséqués et critiqués pour leur manque de réalisme. En effet leur modernité était à la sortie de la pièce difficile à accepter. 

Andromaque, désormais inattaquable, cherchait trop à survivre pour la manie suicidaire des tragédies. Pyrrhus était jugé trop violent, dans une inversion claire de la réalité brutale du fils d’Achille. Hermione manquait de force morale pour une reine, mais en cela on néglige son dilemme cornélien (pardon) entre deux devoirs : celui d’épouse politique et celui de reine grecque doublement trahie, qui la tiraille entre des décisions toutes insupportables. Oreste enfin serait trop subjugué par son amour pour un fils de roi, mais ce statut aristocratique n’est guère mis en avant, alors que sa fragilité psychologique est décrite dès la première scène … 

Avec le temps chaque personnage trouvera supporter ou détracteur, démontrant l’intemporalité de la pièce et la complexité de leurs psychologies. Mais l’amour tous les dévore et les consume. L’excitation des personnages en affaiblit cependant l’impact émotionnel hors du théâtre : seules des interprétations de haute volée peuvent par exemple atténuer la détestation spontanée de Pyrrhus ou d’Hermione, qui tous deux oscillent un peu trop violemment entre l’assassinat et l’adoration…. 


Cette pièce indispensable relie la tragédie grecque et le théâtre moderne. 

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