Voyage au bout de la nuit
Difficulté ****
Profondeur ****
Originalité ****
Emotions ***
Référence absolue d’une prose poétique, noire et profonde.
Le style de Céline est d’une modernité fascinante doublée d’une radicalité abrupte, vulgaire ou choquante, selon les moments.
Le titre en lui-même inclut poétiquement tout le contenu du livre : le voyage physique du narrateur, qui décrit l’Afrique et New-York dans des pages exceptionnelles, son abîme psychologique progressif vers la paranoïa, la noirceur du monde qu’elle soit réelle ou morale.
L’incapacité du narrateur à trouver la paix intérieure dans les endroits les plus opposés de la planète, au point de retourner en France désespéré et aliéné, envahit le lecteur d’une émotion trouble entre tristesse et pitié. En effet cynisme, finesse d’analyse, mépris pour le genre humain touchent ou irritent tour à tour.
La misanthropie du héros, dans un double assumé de l’auteur, lui assure à la fois notre mépris et une forme de compassion.
Ce titre n’a pas d’équivalent en terme de noirceur dans cette bibliothèque, il est indispensable, indépassable et inénarrable.