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La vie est ailleurs

DD

Difficulté ***

Profondeur ****

Originalité ***

Emotions ***

La deuxième œuvre majeure de Kundera est peut-être la plus accessible, elle lui apporte le prix Médicis étranger. Ce récit entremêle le communisme de Soljenitsyne, l’adolescence de Joyce et l’amour maternel de Gary.
 

L’écriture est vive et resserrée, accélérant, les pages devenant plus courtes, avec le récit, pour se clore dans une succession de chapitres d’une page. Cette dynamique aspire le lecteur dans sa spirale et un début plutôt classique de jeunesse d’artiste mute avec la sexualité adolescente vers un conte schizophrénique qui associe folie du communisme, folie de l’artiste égotiste et folie de la structure narrative.
 

Personne ne sort grandi de « la vie est ailleurs » et les égoïsmes s’empilent : père, mère, narrateur, chaque artiste, chaque conquête … Mais quand Miller ou Donleavy se vautrent dans leur propre misère morale, l’auteur choisit une voie plus complexe, critique de l’artiste et profondément littéraire. Il fait ainsi la part belle, interpellant directement le lecteur comme d’autres avant lui (Gogol, Sterne, Cervantes…), à des transpositions des destins de Rimbaud et Lermontov et croise les textes du narrateur avec sa propre fin, dans un parallèle fatal, visionnaire et poétique.
 

Kundera déroule une œuvre ambigüe, empreinte de sa propre grisaille morale et de sa lâcheté artistique. Son talent d’écrivain est un paradoxe de l’œuvre dans le mépris que celle-ci exprime pour son jeune héros poète, miroir évident de l’auteur.
Un titre brillamment sombre dont la sensualité égotique et la grandeur littéraire mettent en exergue la tristesse morale, âmes pures s’abstenir.

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