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Faust

DD

Difficulté ****

Profondeur **

Originalité ***

Emotions *

Cet ouvrage est d’abord une pièce de théâtre injouable : les rares représentations se font sur deux jours et le Faust I dure plus de 3 heures. Comme souvent (« Frankenstein », « la confusion des sentiments », …), l’histoire est fort éloignée de l’idée véhiculée par le temps : Faust est en fait un éternel insatisfait et Méphistophélès un charlatan servile incapable d’obtenir son dû.

 

Le premier tome (« Faust I »), plus sombre et réaliste, délivre cependant un message proche du mythe. Mais « Faust II » touche à une forme de folie avec des histoires fantastiques envahies de monstres, d’esprits et de fantômes. Le diable lui-même est dépassé par les événements : une atmosphère de farce envahit la pièce, bien éloignée de l’histoire sombre et philosophique attendue par le lecteur.

 

L’écriture est ampoulée, précieuse, voire cryptée. Elle est mêlée, notamment dans la deuxième partie, de chants plutôt vifs qui dynamisent et diluent en même temps le rythme de la pièce. 

Les personnages sont fades et méprisables, égoïstes et envieux : aucune vertu n’anime le récit. Faust est égoïste et pusillanime. Son humeur oscille entre la détestation générale et le désir brutal, souvent sensuel. Méphistophélès est plus un bouffon suffisant que l’incarnation attendue d’un diable tentateur et séduisant, d’ailleurs les humains le détestent spontanément et les créatures mythiques le méprisent. 

Seules les femmes, largement critiquées en tant qu’épouses, sortent grandies de l’œuvre : Marguerite et Hélène, qui certes disparaissent, sont des êtres sensibles, généreux et touchants. Mais leur passivité et leur naïveté ne leur permettent pas d’exister réellement. Seul l’être artificiel, l’homoncule, nous importe dans sa quête d’humanité que les deux acolytes regardent avec incompréhension.

 

Les interprétations du texte sont arrivées à un tel niveau de philosophie et de sur-analyse que le lecteur sera surpris par un texte ésotérique (surtout le tome 2) et inhumain. D’abord au sens littéral du terme : il y a si peu de personnages réels, mais aussi dans son sens traditionnel : les émotions sont rares et les êtres affectifs un peu trop binaires pour nous parler vraiment. 

Les critiques se focalisent sur la structure du tome 2, notamment la longueur et l’ordonnancement des actes, mais ne sont pas choqués par l’inanité du contenu. La poésie l’emporte en effet sur le sens dans des séquences souvent hystériques, à la limite de l’absurde. La farce semble enfin le ton général de cette partie, tant les personnages manquent de finesse ou d’élégance. 

 

On ne retrouve pas dans « Faust » le philosophe brillant vénéré dans son pays ! Au contraire Goethe s’avère un poète fantasque, enfiévré de mythologie, d’alchimie et de sorcellerie. Je reconnais des difficultés vis-à-vis des chants insérés dans les romans (présents notamment  dans les œuvres anciennes, comme « Le décameron » par exemple), mais je dois à nouveau critiquer une œuvre culte, mon ressenti étant bien plus négatif encore. 

 

Une œuvre datée, nostalgique de l’antiquité, qui flirte avec la misanthropie. 



 

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