Au-dessous du volcan
DD
Difficulté ****
Profondeur **
Originalité ****
Emotions **
« Au-dessous du volcan » est l’œuvre majeure de Malcolm Lowry, qu’il voulait une « divine comédie » ivre. Les références occultes et religieuses alimentent en effet une passion amoureuse, sublimée par la poésie inhérente à cette œuvre et l’ivresse du narrateur. Nombreux sont ses adorateurs malgré une sortie discrète en 1947.
Son style est unique : capable de jouer avec la forme des caractères comme Sterne, il utilise beaucoup les langues étrangères à l’image de Joyce, cultive l’ésotérisme du « Faust » de Goethe et surtout déroule une poésie permanente des lieux, antagoniste de la vulgarité des personnages.
Le tumulte intellectuel de Firmin, alias « le consul », constitue la majorité du récit, surtout dans sa deuxième moitié. Quelques rares amis gravitent autour du héros, mais seule son épouse existe réellement pour le lecteur, comme pour le narrateur.
Amour et mort animent la dérive alcoolique de ce personnage plutôt attachant. Si la relation passionnelle et dramatique qu’il entretien avec Yvonne touche au cœur, la symbolique récurrente de la mort reste en surface et sert plutôt de décor macabre.
L’alcool obsessionnel du héros, que Lowry décrit avec la maîtrise de l’expert qu’il était, anime avec humour le début du récit mais finit par égarer l’esprit du consul et dégoûter les lecteurs. La drôlerie initiale mute en effet en folie, avec le niveau d’ivresse ahurissant atteint au fil des heures.
Car le récit respecte étrangement l’unité de temps : une journée divisée en douze chapitres que le lecteur émérite mettra une bonne semaine à parcourir. Les passionnés jugent d’ailleurs nécessaire de prendre le temps d’apprécier chaque mot et chaque tournure.
Pour moi, l’œuvre penche malheureusement plus vers « Faust » que vers « la divine comédie ». Il est rare (Faulkner étant l’exception principale) que la prose poétique me touche et l’ennui m’a frappé à plusieurs reprises dans les divagations du héros mêlées des longues descriptions de son créateur, malgré des pages inspirées.
Une œuvre difficile, poétique et ésotérique réservée aux spécialistes.