La faim
DD
Difficulté ***
Profondeur ***
Originalité ***
Emotions ***
« La faim » est une ces œuvres autobiographiques très prisées par les écrivains eux-mêmes pour des raisons égotiques évidentes. Dans la BE, on trouve notamment : « tropique du cancer », « l’homme de gingembre », « voyage au bout de la nuit » (dans une certaine mesure), « sur la route », « les puissances des ténèbres », « la promesse de l’aube », « la déchéance d’un homme », « portrait de l’artiste en jeune homme »….
Knut Hamsun a un double mérite, qui justifie son prix nobel de littérature, sur ses confrères : il a vraiment souffert et n’en a jamais accusé la société ou la religion.
Car « la faim » raconte bien le parcours halluciné d’un narrateur écrivain à travers les affres du manque d’argent et donc de l’inanition. La plume est vive et saccadée, mais cadence avec talent les changements violents d’humeur d’un être affamé. Malgré quelques personnages significatifs, surtout des femmes, la solitude est omniprésente comme un brouillard permanent qui viendrait déformer la vision du monde.
Car Hamsun instille un doute sur la sanité de son héros : est-il victime ou responsable de son destin ? Le lecteur restera libre de décider si la souffrance et la faim causent les excès d’honnêteté et de fierté qui coûtent au narrateur plus qu’il ne possède. Ou si ce dernier est inadapté au monde, de par ces mêmes qualités …
Gide écrivait dans sa préface le choc causé par la découverte de ce récit radical et intérieur, si novateur à l’époque. Aujourd’hui ce style introspectif est devenu commun mais cette œuvre brute, hallucinée et accessible demeure plus élégante : courageux, voire noble, son anti-héros nous interpelle et assume son malheur. Un roman aride et amer, dur et brut, pour les lecteurs sérieux.