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L'appel de la forêt

Difficulté **

Profondeur ***

Originalité ***

Emotions ****

« L’appel de la forêt » fait partie des deux romans de la BE dans lesquels les animaux sont les personnages principaux avec « La ferme des animaux » (Kipling avec le « Livre de la jungle » est par ailleurs une inspiration majeure de l’auteur). Ce n’est pas le plus célèbre car il choisit la veine réaliste et se retrouve ainsi coincé dans la catégorie (aujourd’hui) mortelle des auteurs pour adolescents et ne peut atteindre au statut classique. Cette perception est à peu près aussi débile que le mépris qui entoure des genres comme le policier, le fantastique ou la science-fiction. 

Car la violence du récit, inspirée par les écrits de Poe, apporte une dureté peu usitée dans la littérature adolescente : elle choqua même à la sortie du livre. Le style de London, de plus en plus poétique avec l’ensauvagement de son héros, est par ailleurs digne des plus grands.


Le récit du destin incroyable d’un chien exceptionnel (d’intelligence, de force et de sauvagerie) développe des thématiques puissantes : le rapport à la nature, à la violence, au passé. L’animalité grandissante du héros canin est ainsi le miroir d’une humanité brutale face à la sauvagerie de la nature, démontrant la fragilité de la civilisation.


L’idée d’un patrimoine mémoriel, décrit à travers des souvenirs préhistoriques, trouble encore plus la frontière entre homme et animal et apporte une atmosphère mystique à cette histoire rude et ancrée dans la réalité du Grand nord. La fin quasi mythologique dans un monde sauvage, indifférent à l’homme, emporte le lecteur dans une fantasmagorie envoûtante.


L’auteur, nietzschéen, cherchait ainsi à démontrer l’importance de l’action et du rapport à la nature dans l’accomplissement de l’être humain. Mais une lecture inverse est tout à fait possible : l’éloignement de la civilisation est un chemin sans retour qui ne mène qu’à la mort, l’oubli et la folie. Car l’évolution de Buck en prédateur sanguinaire, puis en chef de meute fantomatique est plus angoissante qu’inspirante, livrant une fin douce-amère à même de trahir son auteur…

Cette œuvre unique dans la BE, considérée comme le meilleur des trois best-sellers de son auteur, vendue à 2 millions d’exemplaires de son vivant, est bien trop sous-estimée de par sa facilité d’accès. 

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